Présentation du producteur : Suite aux fusions successives qu'ont connues les institutions charitables à partir de 1695, seuls deux établissements de soins subsistent à Joigny à la veille de la Révolution : l'un, l'hôtel-Dieu et maison de charité unis, sur la rive droite de l'Yonne, l'autre l'hôpital de Tous-les-Saints, sur la rive gauche. Les deux institutions sont fuisonnées en application de la loi du 9 fructidor an III.
Au début de la Révolution, l'hôpital, malgré les efforts de son administrateur, Lefranc, est dans un état proche de la ruine ; ses bâtiments sont progressivement délaissés puis transformés en granges, magasins à fourrage, écuries et caserne complémentaire.
Les fonctions d'accueil et de soins se concentrent sur l'hôtel-Dieu et Maison de Charité unis, situé rue Saint-Jacques, qui, dès l'an V, prend le nom d'"hôpital moderne" ou d'"hospice d'humanité civil et militaire". Les quatre sœurs de la Charité de Sainville, en charge des soins depuis 1741 et qui avaient prêté serment à la République en l'an II, sont remplacées par des religieuses de la Charité de Nevers en 1808.
En l'an IX, sa capacité d'accueil est de 18 malades répartis en deux salles : l'une pour les hommes de douze lits et pouvant en accueillir jusqu'à à seize en cas de besoin ; l'autre, à l'usage des femmes comprend six lits. Les pathologies traitées sont toutes liées à des "maladies aiguës médicales et chirurgicales".
En 1813, l'afflux de malades et de blessés militaires est tel que le bâtiment de l'ancienne chapelle Saint-Antoine désaffecté depuis l'union avec l'hôtel-Dieu et maison de charité unis en 1695 et depuis convertie en grange à fourrage, doit être transformée en salle d'hospitalisation (après le départ des troupes et suite à des travaux de réhabilitation, elle accueille, dès 1820, une école gratuite pour les jeunes filles indigentes, puis devient salle d'asile vers 1865). Les bâtiments de l'hôpital de Tous-les-Saints sont également mis à contribution pour accueillir des cohortes de malades militaires (prisonniers de guerre espagnols et autrichiens en 1809, prisonniers de guerre espagnols et croates, militaires français en 1813).
Trente ans plus tard, si les capacités de l'hôtel-Dieu ont augmenté (42 malades dont 14 fiévreux et blessés, 10 fiévreuses et blessés, 18 militaires ou marins et 4 enfants abandonnés), l'établissement ne dispose plus d'aucune possibilité d'extension sur son site. En juillet 1841, l'hôpital est tranféré vers le site de l'ancien hôpital de Tous-les-Saints, plus vaste, situé à proximité de la rivière, et dont les bâtiments sont laissés vacants après la construction d'un parc à fourrage et du bâtiment dit de la « Manutention » sur la route de Saint-Florentin. Cette localisation est par ailleurs jugée moins propice à la propagation des épidémies que dans la vieille ville.
Les travaux de construction du nouvel hôpital débutent en juillet 1843, sur les plans de Ch. Farouille, architecte de Paris, sous la direction de Roblot, architecte de la Ville de Joigny. Les bâtiments (bâtiment central en forme de U abritant les espaces techniques, de soins et de vie pour les religieuses et chapelle reprenant celle de 1765) sont livrés en juillet 1848 et mis en service le 1er août suivant : ils disposent de 80 lits dont 50 réservés aux militaires, les autres étaient répartis entre les malades hommes, femmes et les enfants abandonnés (jusqu'à 200 à la charge de l'hôpital à cette date). Ce dispositif d'accueil est modifié par la fermeture du tour d'abandon, pratiqué dans le battant fixe de la porte d'entrée, par décision préfectorale du 30 septembre 1850 (ce qui ne marque pas pour autant la fin des abandons d'enfants sur les marches de l'hôpital) et complété en 1865 par la fondation d'un hospice de vieillards. À partir de 1870, le service des hommes est séparé en deux salles, l'une pour l'accueil des fiévreux et l'autre pour les blessés ; la même séparation est appliquée en 1880 aux femmes. En 1897, le traitement chirurgical des patients est amélioré par la construction d'un bloc opératoire distinct des salles de soins, accompagné d'un monte-malade situé contre l'escalier principal, l'installation d'étuves de désinfection dans le jardin et l'agrandissement des salles des bains et d'hydrothérapie. La destruction de maisons situées en bordure de l'Yonne permet en 1903 la construction d'une maternité à laquelle est accolée le bâtiment d'isolement des contagieux. L'aménagement d'un service de radiologie en 1913 et d'une clinique chirurgicale en 1932-1933 (agrandie en 1949) complète ces installations.